En cette période tourmentée, nous cherchons tous à limiter nos déplacements et nous aimerions bien pratiquer la plongée près de chez soi. Oui mais voilà, la mer c’est loin et quel amateur d’exploration sous-marine n’a jamais entendu : « Plonger en eau douce, c’est nul, il n’y a rien à voir, ce qui tombe bien car il n’y a pas de visibilité et en plus l’eau est froide. » ?
Il faut alors se demander, mais pourquoi certains plongent tout de même dans les eaux intérieures ?
Une des explications, c’est avant tout la proximité et la possibilité de s’immerger en apesanteur à moindre cout dans des délais courts. « Oui mais bon, mettre la tête sous la flotte pour se cailler sans même voir le bout de ses palmes, faut être fêlé ! Cela freeze le ridicule !"
Commençons par chasser l’idée reçue que l’eau douce est plus froide que la mer où l’océan. C’est une question de période, situation géographique et profondeur. C’est évident que les eaux tropicales seront plus chaudes qu’un lac en France, mais en restant sur des latitudes similaires, beaucoup de plans d’eau n’ont rien à envier aux températures des eaux bretonnes. Et question visibilité, c’est la même remarque !
Reste que cette comparaison entre les eaux d’un lac et celles bretonnes ne résout rien concernant l’intérêt de la plongée en eau douce. Que voir ?
De nombreux sites ont été aménagés avec des points d’intérêt à découvrir. Ce peut être des épaves (pas toujours coulées volontairement), des statues ou œuvres d’art, des structures, …
Mais il y a aussi les paysages et la biodiversité. Même si cette dernière est beaucoup moins diversifiée et riche que celle marine, elle présente bien de l’intérêt à qui se donne la peine d’observer avec un peu d’attention.
Par exemple, le plongeur effectuant un petit tour au milieu des algues « characées » à quelques mètres de la plage de Boudry sur le lac de Neuchâtel en Suisse pourra apercevoir de nombreuses espèces. Des brochets embusqués sont prêts à se propulser vers une proie imprudente. Des perches communes jouent les opportunistes en attendant que le plongeur perturbe légèrement le fond et mette au jour quelques succulents petits organismes. Des colonies de cristatelles (bryozoaire) qui ressemblent à de petites chenilles développent leurs petits panaches en forme de fer à cheval (photophores). A quelques centimètres de là, des hydres (petites méduses fixées) captent de leurs tentacules des micro-organismes.
Plus loin à l’abris de grosses pierres colonisées par des moules, c’est le paradis des crustacés. Une écrevisse se repose. Des crevettes rouges sang dansent et forment un petit nuage. Sous ces petites roches les remuants gammares se cachent fuyant la lumière. Des poissons comme les lottes de rivière mais aussi les chabots pourtant revêtus de leur tenu de camouflage profitent de ces abris. Telle une chenille, l’helobdelle se déplace gracieusement. Au loin une tanche patrouille.
Des plongées assez régulières sur ces mêmes sites permettrons de voir l’évolution du milieu. A Neuchâtel, en quelques années, les moules ont littéralement envahi le moindre support rigide rendant par exemple l’observation d’éponges très rares. Faut-il voir une conséquence du dérèglement climatique ? Probablement, en tout cas c’est un signe qui doit alerter le plongeur et le rendre encore plus vigilent vis-à-vis de son impact sur l’environnement dans son activité comme dans la vie quotidienne.
Pour terminer la plongée sous-marine est un sport. Comme chacun le sait, le sport est un élément essentiel pour maintenir le pratiquant en bonne santé. Alors pourquoi se priver d’un lieu de pratique à proximité.
Ne renoncez pas à plonger en eau douce, c’est une source de découvertes, bonheur et plaisir pour qui sait être patient et attentif.
Bonne nouvelle : Aquagray va faire tout son possible pour organiser une ou deux sorties « eau douce » pendant la période estivale.